J. Enoil Michaud

« L'un des plus célèbres citoyens d'Edmundston, J.-Énoïl Michaud était avocat et notaire, diplômé de St. Dunstan University à Charlottetown et de Dalhousie University à Halifax. Il n'avait que vingt-huit ans lorsqu'il fut élu député libéral pour représenter le comté de Madawaskai à Fredericton. Il fut réélu en 1920 et nommé ministre sans-portefeuille dès 1921. Il fut maire d'Edmundston en 1919-1920, puis de 1932 à 1936. Élu député fédéral de Restigouche-Madawaska, il fut ministre des Pêcheries du Canada de 1935 à 1940, puis ministre des Transports jusqu'en 1945. En 1945, il devint juge de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick, banc du Roi. Enfin, en 1958, le Pape Pie XII le nommait chevalier de St-Grégoire le Grand. Photo en 1958 ». Source

J.-Énoïl Michaud
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Les arts visuels

Le docteur Paul Carmel Laporte (1885-1973) fut, sans aucun doute, le pionnier des arts visuels au Madawaska. Originaire de Verchères au Québec, il vint s'établir dans la région en 1909 et pratiqua la médecine à Grand-Sault, à Connors, à Clair puis à Edmundston2. Avant son arrivée au Madawaska, le docteur Laporte avait déjà fait l'apprentissage de la sculpture sur bois. Pendant ses études secondaires, il étudia la sculpture, la peinture et les beaux arts. Par la suite, il fut apprenti auprès d'un sculpteur de bois et d'un ébéniste de Montréal3. Ses cours terminés, il fit de la sculpture à 40 ¢ l'heure pour payer ses études de médecine4. Sa carrière médicale ne l'empêcha pas d'exercer cet art. Il sculpta et enseigna la sculpture jusqu'à ce que la maladie l’en empêchât, soit trois ans avant son décès.

Les jeunes de la région ont pu profiter de son attachement aux arts. Vers 1933, il ouvrit un atelier et, une fois la semaine, y offrit bénévolement des cours de sculpture. Ceux qui démontraient un certain talent lui étaient présentés et recevaient, à partir de ce moment, des outils, des leçons et beaucoup d'encouragement5. Inventeur et bricoleur très habile, le docteur Laporte inventa un meuble qu'il créa pour sculpteurs et artistes-peintres, lequel figure sur la toile du Bicentenaire. C'était à la fois un établi pour sculpter, une table à dessin avec coffre à outils et fauteuil formant un tout très solide et condensé pour offrir le maximum d'aisance à l'artiste pendant son travail. Il guida trois artistes de la région : Claude Picard, Albert Nadeau et Claude Roussel6. Ce dernier raconte :

« Avoir la chance de voir un atelier équipé, des sculptures et une documentation de livres et de revues était un stimulant remarquable pour ce temps. Durant ces années, il était la seule source d'encouragement à Edmundston et son enthousiasme devant la technique (…) m’incitait à aborder des problèmes de plus en plus compliqués »7.

Le docteur Laporte considérait l'art, pour lui-même, comme un passe-temps. Il a cependant produit de nombreuses sculptures sur bois, dont les plus importantes sont les bas-reliefs de la chaire anglicane à Edmundston8. On lui doit également l'écusson de la République du Madawaska9. Son influence, à travers les œuvres de ses protégés, est en évidence dans le Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick. Les peintures de Claude Picard ornent les murs du Centre universitaire Saint-Louis-Maillet; le chemin de croix de l'église Notre-Dame-des-Douleurs à Edmundston a été sculpté par Claude Roussel10.

Pendant plus de quarante ans, le docteur Laporte enseigna la technique de la sculpture sur bois. Pour faire connaître ses étudiants, il organisa des expositions11. Il publia également un manuel sur l'apprentissage de la sculpture12. En 1940, il fonda le Musée Laporte au Collège Saint-Louis13 et en 1951, la Fédération des sculpteurs canadiens14. Son plus grand mérite fut d'avoir inculqué à la population du Madawaska le respect et l'appréciation de la sculpture et le goût des arts en général.

*Il s'intéressa à la radio et fut l'un des fondateurs de Radio C.J.E.M. avec l'honorable J.-Gaspard Boucher et l'honorable juge J. Enoïl Michaud. (C.J.E.M. n'est rien d'autre que les initiales de feu J.E. Michaud avec la lettre C pour Compagnie).

Nicole Lang
1989

Référence :

  1. Notre texte se penche uniquement sur l'influence du docteur Paul Carmel Laporte dans le domaine des arts visuels au Madawaska. On remarque qu'à l'arrière plan, l'artiste Claude Picard a peint le Musée historique du Madawaska. Situé à Edmundston, ce musée fut construit en 1979, grâce à un projet de développement régional financé conjointement par les gouvernements fédéral et provincial. Le Nouveau-Brunswick se chargea ensuite de son administration. En juillet 1988, la province signa une entente avec l'Université de Moncton (CUSLM). L'Université accepta alors d'administrer le musée pour une période de 10 ans, moyennant une subvention annuelle de 70 000 $. L'Université s'engagea à ne pas changer la vocation du musée de façon à préserver la collection patrimoniale de la région et d'accorder une plus grande attention à l'art local. Voir : Denise D'Astous Morin, « Le Musée du Madawaska cédé au CUSLM », Le Madawaska, 6 juillet 1988, pp. 1-2a. Denise D'Astous Morin, « Le transfert du Musée bénéficiera à la région », Le Madawaska, 6 juillet 1988, p. 2a.
  2. Le docteur Laporte gradua de l'Université Laval en 1909. La même année, il s'établit à Grand-Sault. Il pratiqua ensuite la médecine durant cinq ans (1913-1918) à Connors puis, sous les auspices de la Croix Rouge, il fonda à Clair un hôpital privé portant son nom. Cet hôpital ayant été détruit par le feu en 1930, le docteur Laporte vint s'établir à Edmundston, où il dirigea l'ancien hôpital Sanita. En 1946, il fonda l'entreprise "Madawaska Construction" qui construisit entre autre le Collège Saint-Louis, le Centre éducatif et l'hôtel de ville d'Edmundston. En 1956, il fut nommé médecin hygiéniste et coroner du comté de Madawaska. Il occupa ce poste jusqu'en 1962.
  3. Voir : « L'aîné des médecins au Nouveau-Brunswick », Le Madawaska, 5 juillet 1973, p. 14 et « Décès d'un Républicain de la première heure », Le Madawaska, 25 juillet 1973, pp. 1-2, et l'Encyclopédie du Canada de Alain Stanké et Muriel Roy, vol. 1 p. 8.
  4. Colin S. Macdonald (compilé par), A Dictionary of Canadian Artists, vol. 3, Paperbacks Publishing Ltd., Ottawa, 1971, pp. 742-743.
  5. « L'aîné des médecins au Nouveau-Brunswick », op.cit., p. 14. R.A. Tweedie et al., Arts in New Brunswick, Brunswick Press, Fredericton, 1967, p. 263.
  6. Claude Roussel, Les arts visuels, dans Jean Daigle (sous la direction de) Les Acadiens des Maritimes : études thématiques, CEA, Moncton, 1980.
  7. Claude Picard (1932- ) : il s'est orienté en peinture. Il développa la technique de la peinture en s'inscrivant d'abord à des cours par correspondance en art commercial. Durant ses études classiques - les années 50 - les pères Eudistes lui ont fourni comme studio, un espace dans la Tour du Collège Saint-Louis à Edmundston. Il y a réalisé plusieurs fresques qui ornent encore les murs de l'institution. Après ses cours, il fit un stage de trois ans en Europe et travailla dans des musées. Il vit présentement de son art et il reçoit souvent des commandes de portraits. Claude Roussel, op.cit., p. 602. Albert Nadeau (1915- ) : il a suivi les traces du docteur Laporte et est resté attaché à la sculpture sur bois. Né à Saint-François, il débuta en sculpture à l'âge de huit ans. À 21 ans, il fut découvert par le docteur Laporte, qui l'aida à organiser un atelier et sa première exposition solo au Musée du Nouveau-Brunswick, en février 1946. Il a travaillé avec Leonardo Ottina à Montréal et J.J. Bourgault à St-Jean-Port-Joli, au Québec, où il vit présentement. Il est membre de l'Association professionnelle des Artisans du Québec. Claude Roussel, op.cit., p. 601 et Colin S. Macdonald, op.cit., vol. 5, 1977, p. 1349. Claude Roussel (1930- ) : il a commencé par la sculpture. Même s'il n'a pas suivi de cours formels avec le docteur Laporte, il fut influencé par ce dernier durant la période 1945-1949. Roussel s'est détaché de l'influence du médecin sur le plan idéologique en se rapprochant des mouvements artistiques contemporains. Mais il est quand même resté proche de lui en gardant son « sens missionnaire » et en revenant dans le milieu pour y enseigner son art. Il est présentement professeur d'arts visuels au Centre universitaire de Moncton. Claude Roussel, op.cit., p. 602.
  8. Claude Roussel, op.cit., p. 601.
  9. Ibid., p. 601. R.A. Tweedie et al., op.cit., p. 263. Son travail, qui fut influencé partiellement par Philippe Hébert et Suzor Côté, est très réaliste et est fait sur du bas-relief. Il emploie plusieurs types de bois, du plâtre de Paris et du bosselage de métal.
  10. L'écusson représente deux mains se serrant dans un geste d'amitié. « L'aîné des médecins au Nouveau-Brunswick », op.cit., p. 14.
  11. R.A. Tweedie et al., op.cit., p. 263.
  12. Il sortait du cercle local et organisait des expositions à l'extérieur. Albert Nadeau en profita, car ses travaux furent exposés dans la bibliothèque du Parlement à Fredericton en 1937 et en solo au Musée du N.-B. à Saint-Jean en 1946. Claude Roussel, op.cit., p. 602.
  13. Il s'agit de la publication « Apprenons à Sculpter / Let's Learn Woodcarving », tel que cité par Claude Roussel, op.cit., p. 601.
  14. « L'aîné des médecins au Nouveau-Brunswick », op.cit., p. 14. "Décès d'un Républicain de la première heure", op.cit., p. 2. L'Université Saint-Louis lui décerna un doctorat honorifique en arts en 1961.
  15. « Décès d'un Républicain de la première heure », op.cit. p. 2. R.A. Tweedie et al., op.cit., p. 263. Colin S. Macdonald, op.cit., vol 3, p. 742.
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